Tout le monde redescend
La nouvelle scénographie de la Carrière Wellington à Arras affûte les sens. Ému par les projections vidéo à même la craie, happé par le réalisme des sons binauraux, on vit l’instant présent comme l’ont vécu les quelque 24 000 soldats britanniques une semaine avant le déclenchement de la bataille d’Arras.
Comprendre avant de descendre
C’est une gourde cabossée tout ce qu’il y a de plus banal. Sauf qu’elle a été modifiée, nous dit le cartel, « pour en augmenter la contenance. » Juste à côté se trouvent un trèfle découpé dans du cuivre, un visage moulé en craie, une pointe de casque allemand ainsi que toute une série d’objets de la vie quotidienne des soldats de la Grande Guerre. Sans distinction de camp. En pivotant à 180°, on tombe nez-à-nez avec un plan de coupe de la Carrière Wellington. Un peu plus loin, on peut même se prendre en selfie devant la photo de l’escalier qu’empruntèrent ce fameux 7 avril 1917 dès 5 h 30 du matin les Tommies restés une semaine dans les souterrains d’Arras. Depuis le 11 novembre 2021, le rez-de-chaussée du Mémorial de la Bataille d’Arras a été entièrement repensé. Cartes militaires évolutives, uniformes, dates-clés. Tout y est. Comme le souligne Laurence Mortier, directrice adjointe de l’Office de Tourisme d’Arras-Pays d’Artois:
Nous avons fait le choix de comprendre avant de descendre avec une zone d’interprétation intégrée au parcours du visiteur. Une fois en bas, l’émotion n’en est que plus vive.
Sons et lumières
On ne change pas l’Histoire mais on peut en modifier l’approche. « La rendre plus vive et plus immersive en faisant appel aux techniques nouvelles », comme le rappelle Antoine Wacogne, responsable du pôle Marketing et communication au sein de l’Office de Tourisme Arras-Pays d’Artois. Inaugurée en 2008, la Carrière Wellington est un Sirius culturel. Une étoile brillante qui accueille 80 000 visiteurs par an par petits groupes d’une quinzaine de personnes. Alors qu’il aurait pu se reposer sur ses poppies, le site de la première guerre mondiale s’est remis en question à grands renforts de sons binauraux et de projections à même les parois de craie. Pour le scénographe Henri Joachim, ces techniques « permettent de découvrir la Carrière sous un jour nouveau.» Plongé dans la semi-pénombre, muni d’un Brody (le casque des militaires anglais) et d’un audio-guide aussi simple que précis, on progresse pas à pas dans cette cathédrale de craie. Il fait sombre certes mais le parcours est limpide. Les dortoirs, les latrines, la salle de communication jusqu’au fameux pilier 5 E où se déroula la messe de Pâques, tout est fait pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe. Et il y aurait de quoi, car « en six mois, à partir d’octobre 1916, les tunneliers néo-zélandais ont creusé dix kilomètres de galeries » rappelle notre guide.
Continuer le parcours du combattant
Lorsqu’on refait surface une heure plus tard, un film documentaire parachève le parcours. On aurait pu en rester là mais ce serait compter sans la logique d’un tourisme mémoriel « qui a tout à gagner à être redondant sur le territoire des Hauts-de-France », souligne A. Wacogne. La nouvelle scénographie intègre désormais une fraternité touristique qui suit comme dorsale la ligne de front de la Première Guerre mondiale. Le site arrageois étant un élément parmi d’autres. Pour en prendre la mesure, une maquette invite le visiteur à se rendre à la Caverne du Dragon sur le chemin des Dames, au Mémorial national australien de Villers-Bretonneux, au Mémorial canadien de Vimy jusqu’au Menin Gate en Belgique. Un voyage dans le temps et l’espace pour vivre le vrai parcours du combattant.
Rue Arthur Deletoille à Arras. – Tél. : 03 21 51 26 95 – www.carrierewellington.com
Horaires d’ouverture :
Du 16 novembre au 19 décembre 2021 : du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 13h45 à 18h.
Du 20 au 31 décembre 2021 : tous les jours de 10h à 12h30 et de 13h45 à 18h.
Fermeture exceptionnelle à 16h les 24 et 31 décembre. Fermée le 25 décembre, le 1er janvier au 21 janvier 2022 inclus.
La visite guidée dure 1h15 – Tarif à partir de 4,50 euros – tarif plein : 9 euros.